Kathy Tremblay est habituée aux courses folles. Après avoir participé aux Jeux olympiques de Pékin et de Londres en triathlon, elle a eu deux enfants, qui ont aujourd’hui un an et demi et quatre ans. Son prochain projet ? Elle organise, le dimanche 18 février, une course de 5 km qui se déroule entièrement à l’intérieur, dans le… Montréal souterrain.
« C’est un parcours ludique, qui part des Cours Mont-Royal et finit au Complexe Desjardins », décrit Mme Tremblay, présidente-directrice générale de l’organisme sans but lucratif derrière les courses Les Classiques.
Que ceux qui s’imaginent courir au milieu des magasineurs se rassurent : l’événement a lieu avant l’ouverture des boutiques. Quatre départs sont prévus, entre 8 h 40 et 8 h 55. « Personne ne fera son meilleur temps sur 5 km, mais si on veut courir vite, il y aura moyen de le faire », assure l’ex-triathlonienne.
S’entraîner sur une piste
Pour s’y préparer, si on n’aime pas jogger au froid ou sur un tapis roulant, il suffit d’apprivoiser les pistes de course intérieures. Celle du centre Pierre-Charbonneau, dans le Parc olympique de Montréal, mesure 190 m. « Elle est bien fréquentée, surtout lorsqu’il y a de la glace à l’extérieur », témoigne Denis Kemp, directeur général du centre Pierre-Charbonneau.
D’autres pistes, comme celle du complexe sportif Claude-Robillard, dans Ahuntsic, et celle du Tomlinson Fieldhouse de McGill, avenue des Pins, font plutôt 200 m, la longueur standard d’une piste d’athlétisme en salle. Celle de McGill offre, en bonus, des virages inclinés.
« Ça fait une différence », assure Jim McDannald, entraîneur-chef du programme de cross-country et d’athlétisme en salle de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
« Quand on court vite sur une piste intérieure, les virages sont serrés et on se fait en quelque sorte tirer vers l’extérieur, en raison de la force centrifuge. Les coureurs doivent modifier leur position, se pencher un peu vers l’intérieur. L’effet est plus prononcé encore sur une piste plate. »
— Jim McDannald
Mieux vaut ne pas être grand
Fait intéressant pour nombre de joggeurs : être de taille modeste est un avantage sur une piste intérieure. « Les personnes plus grandes sont encore plus tirées vers l’extérieur, explique M. McDannald. En faisant abstraction de raisons financières, on peut penser qu’on n’a pas vu Usain Bolt courir très souvent sur une piste de 200 m parce qu’il savait que son corps n’était pas fait pour courir vite à l’intérieur. » Il faut dire que le sprinteur jamaïcain mesure 195 cm, soit 6 pi 5 po.
Au centre sportif de l’UQAM, rue Sanguinet, la piste de course fait à peine 154 m, si bien qu’il faut faire 6,5 tours pour franchir un petit kilomètre. De quoi se lasser et ralentir, d’autant que les virages sont serrés. « On peut y faire du jogging, on s’en sert pour récupérer, mais on ne peut pas performer sur cette piste », tranche M. McDannald. Ses athlètes s’entraînent donc à McGill, ce qui laisse la piste de l’UQAM aux joggeurs moins sérieux.
Club de course
À Terrebonne, la piste du Centre de soccer multifonctionnel est exceptionnellement longue, avec 333 m dans le corridor intérieur. Elle est notamment fréquentée par le club de course Les Mollets fringants, de janvier à avril.
« Les lundis soirs, on fait des intervalles longs et les mercredis soirs, on fait des intervalles courts, décrit Michel Pelletier, entraîneur du club. C’est génial, parce que je peux bien voir les gens, s’ils font de petites erreurs. » Même pendant l’hiver, Les Mollets fringants complètent leur entraînement avec une sortie à l’extérieur les samedis matins.
Il est à noter que le sens de rotation de certaines pistes, comme celle de l’UQAM, alterne chaque jour. Quant aux compétitions en salle, elles se déroulent toujours en sens antihoraire. « Pour ne pas causer de déséquilibre en travaillant toujours dans la même direction, on fait les échauffements et certains intervalles dans le sens opposé », précise M. McDannald.
Moins de chocs
Gros plus, à l’intérieur : le revêtement des pistes absorbe mieux les chocs que les trottoirs et les rues. En plus d’être dépourvu de glace et de flaques d’eau…
Qu’en sera-t-il lors du 5 km dans le Montréal souterrain ? Est-ce que le plancher des centres commerciaux parcourus sera glissant ? « Non, assure Mme Tremblay. Plein de monde marche dans ces souterrains chaque jour. » Aucun participant ne devrait courir avec des chaussures mouillées, puisque des vestiaires sont accessibles à la Place Bonaventure.